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C'est avec attention que j'ai écouté les enseignements de cette dernière retraite d'été 2015, à laquelle Thay ne participe pas pour des raisons de santé. 

 

Ces derniers me sont apparus de grande qualité, donnés avec beaucoup de fraîcheur, d'humour aussi, dans une ambiance conviviale, et dans laquelle les enfants ont toute leur place.

 

Et pendant que j'écoutais, et même en y songeant a posteriori, j'ai réalisé que Thay est partout présent, en les moines et moniales, les participants, petits ou grands, mais aussi dans le contenu, dans des gestes, dans des rires, des silences, des sourires, dans les applaudissements silencieux...

 

L'enseignement donné est dans sa totale continuation, ni pareil, ni différent.

 

Me sont alors revenues les paroles que Thay répète inlassablement sur l'impermanence et les objets de l'esprit.

 

Il y a ainsi un exemple qu'il donne, celui d'une personne qui n'est jamais encore allée au Village des Pruniers. Cette dernière s'est faite une idée de ce lieu, une représentation de la vie communautaire. Elle a imaginé, ressenti, selon sa propre perception, comblant déjà toutes ses attentes et espérances.C'est ainsi que peuvent se forger des certitudes, des croyances, des concepts.

 

Thay nous met en garde contre ce mécanisme qui est nous et sur la nécessaire pratique qui en découle pour s'en défaire ou tenter de s'en défaire..A cet égard, l'arrêt et la reconnaissance de ce mécanisme sont déjà des grands pas, du moins me semble-t-il. Il y a effectivement danger dans cette projection.Car que se passera-t-il quand cette personne se rendra physiquement au Village? Les pratiques, le mode de vie, les enseignements correspondront-ils à ce que son esprit avait construit?

 

Et cet exemple, qui peut recouvrir de multiples autres situations, s'est trouvé tout à fait d'actualité lors de cette retraite, à laquelle n'a donc pas assisté Thay. En effet certains participants s'attendaient à le rencontrer. Car l'idée qu'ils ont du Village est intimement liée à la présence physique de Thay. Et, en son absence, rien n'est plus pareil

 

Est-ce à dire que l'image personnelle que ces gens ont du Village s'est focalisée sur un "Homme",  occultant la pratique, ce bouddhisme appliqué, qui est l'incarnation du Village dans toute sa tradition?

Est-ce à dire que l'attachement au Maître, et à sa seule présence, conditionnent leur venue au Village des Pruniers, et également leur pratique, voire leur engagement dans la voie?

 

Un de nos frères, moine, lors de son intervention, a soulevé cette question en attirant l'attention sur le danger que cela représente.

 

Thay ne cesse cesse de répéter que nous inter-sommes:

"Je suis toi; tu es moi". "Je suis la fleur; la fleur est moi"

Thay nous dit également ceci:

"Je ne crois pas que je vais cesser d'être un jour. J'ai dit à mes amis que le 21ème siècle est une colline que nous gravissons ensemble comme une Sangha; je serai avec la Sangha jusqu'au bout du chemin. Pour moi, ce n'est pas un problème parce que je vois chaque personne en moi et moi en chaque personne. C'est la pratique de la  vision profonde, la pratique de la concentration sur la vacuité, la pratique de l'inter-être."

Et je rajouterai que la nature du Bouddha, est en nous et non à l'extérieur, ici et maintenant, dans le moment présent.

 

Le 13 aout 2015 - Chantal Gorski. Transcription du 10 avril 2016.

 
 

 

 

 

 

 

 

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